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Ici, là-bas, ailleurs : c’est une dialectique de l’éloignement qui se dessine à travers ce triptyque spatial dont le dernier terme et l’aboutissement serait l’ailleurs.

Mais si l’« ici » est par essence le lieu de la situation présente (« hic et nunc », dit la tradition philosophique évoquant notamment un être-là soucieux du moment présent), si « là-bas » renvoie à la mise à distance par opposition à cet « ici », « l’ailleurs », lui, vient abolir la référence précise à un espace identifié en installant dans une zone indécise celui qui l’envisage. L’ailleurs se définit ainsi comme l’espace de l’indéfini, que celui-ci soit un juste à côté, ou un bien loin d’ici. Et en cela, l’ailleurs s’impose aussi comme l’ouverture vers un espace de l’imaginaire parce que de l’indéterminé, voire de l’inconnu.

Ici, là-bas, ailleurs : ce triptyque sonne donc comme les étapes déclinées de la perte des repères à travers le renoncement à ce qui s’inscrit dans le champ du regard habituel pour aller vers le champ indécis de la dissemblance ; l’ailleurs, c’est la projection du regard vers une altérité essentielle et multiple.

Évidemment, l’ailleurs se conçoit dans un premier temps comme géographique. Mais il est également, par le passage de l’éloignement à la découverte de l’étrangeté, le lieu-dit de l’imaginaire, l’espace virtuel d’une poésie qui réside dans l’image qui fait perdre cette évidence du connu.

Et c’est là qu’est tout l’intérêt d’une certaine photographie, elle aussi polymorphe : si toute photographie est pratique du regard et art de l’image, si fixer l’image, c’est traduire et créer un intérêt, il est une photographie qui se caractérise facilement par la tendance, pour ne pas dire la volonté, à regarder ailleurs pour saisir ces aspects du monde qui font intérêt, et ce au-delà de la tentation du seul pittoresque. Car regarder ailleurs, c’est regarder autrement.

Le photographe est en effet toujours celui qui « se plaît » – presque par nature – à quitter le familier : parce que le regard est dans un temps foisonnant quand l’image fixe est dans une concentration et une densité, le photographe est celui qui quitte l’ici-là pour gagner visuellement un ailleurs qui peut s’incarner dans une proposition géographique, culturelle, plastique et poétique, qui conduit à une forme de dépaysement.

Le photographe est un ausculteur de territoires inconnus, du proche au lointain.

 

Sylvain Lagarde

Président de l’Association PHOTOfolies12

 

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